33.

 

Ce fut Aneta Djanali qui alla chercher Hannes et Magda à l’école. La mère de Margareta devait revenir plus tard dans la soirée pour rester auprès de ses petits-enfants qui, pour l’instant, étaient orphelins. Aneta se répéta ce mot : orphelins, au moins provisoirement.

— Combien de temps pensez-vous que cela va durer ? avait demandé la grand-mère, lorsqu’elles étaient entrées en contact, avec, dans la voix, quelque chose qui ressemblait à de l’espoir.

Que répondre à cela ?

Lorsqu’elle vit les enfants s’approcher d’elle, Aneta éprouva un certain vertige, comme si tout cela se déroulait ailleurs ou si elle le contemplait à travers un filtre optique. On dirait que je traverse ce paysage en train et que je le vois défiler à l’extérieur, pensa-t-elle.

— Où est papa ? questionna Hannes.

Que répondre à cela ?

— Il est… au travail, dit-elle.

— Quand est-ce qu’il revient ?

— On ne sait pas au juste. C’est pour ça que je suis venue vous chercher, Magda et toi.

Le garçon et sa sœur parurent se satisfaire de cette explication et montèrent dans la voiture radio. Je ne veux pas prendre le volant moi-même, avait dit Aneta à Winter.

Ils en descendirent devant la maison de Halders. Elle entra avec les enfants et regarda la pendule. Dans deux heures leur grand-mère serait là.

— Vous avez faim ? s’enquit-elle.

Elle sortit du congélateur ce qu’il fallait pour confectionner des hamburgers. Magda lui montra du doigt où se trouvait le ketchup. Sur l’étagère, en dessous, il y avait un oignon et une tête de salade qui commençait à virer au brun sur les bords.

Elle fit griller la viande grise, qui brunit, et la glissa entre les tranches de pain. Pas d’oignon pour Magda.

— C’est vrai que tu viens d’Aflique ? demanda celle-ci la bouche pleine.

— D’Afrique, corrigea son frère, l’air gêné. C’est comme ça qu’on dit.

— Mon papa et ma maman viennent d’un pays d’Afrique qui s’appelle maintenant le Burkina Faso. Jadis, c’était la Haute-Volta.

— C’est au-dessus de la Basse-Volta ! pouffa Magda.

Son frère lui donna un coup de coude rageur. Aneta, elle, sursauta surtout intérieurement. Fredrik, Fredrik. Si seulement tu pouvais entrer dans cette pièce et dire quelque chose de stupide à propos de Ouagadougou. N’importe quoi, n’importe quand. On se marierait juste après. On achèterait une maison dans un quartier à population mixte. On resterait habiter ici. On partirait pour la Basse-Volta. On ferait la navette pour Ouagadougou. Entre, Fredrik. Appelle-moi sur mon portable, espèce de grand idiot adoré.

— Comment c’est ? interrogea Hannes.

— Le Burkina Faso ? Il y a beaucoup de sable, dit-elle en regardant son propre hamburger, qui commençait à se dessécher, sur son assiette. Je n’y suis allée qu’une seule fois. Il y a dix ans.

— Tu n’y es pas retournée ?

— Euh, non. Je suis née ici, à Göteborg, tu sais. Je suis suédoise.

— Y a des lions ? s’exclama Magda.

— Pas beaucoup. Surtout des chameaux.

— C’est un désert.

— En grande partie, oui.

— Tu connais l’histoire de l’avion qui s’est écrasé dans le désert ? demanda Hannes.

— Elle est drôle, coupa Magda.

— Non, répliqua Aneta en le regardant.

— Le capitaine envoie les passagers chercher de la nourriture, dit le garçon avec un grand sourire. Parce que tout le monde a survécu à l’accident, tu comprends. Il les envoie et ils reviennent en disant : on a une bonne et une mauvaise nouvelle. Tu me suis ?

— Oui.

— Bon, dit le capitaine, commencez par la mauvaise. Alors, les passagers lui annoncent : il n’y a que de la crotte de chameau à manger. Et la bonne ? demande le capitaine. Il y en a beaucoup, répondent les passagers.

Aneta éclata de rire.

— C’est papa qui nous l’a racontée, dit Magda.

Les enfants allèrent dans leur chambre pendant qu’elle faisait la vaisselle. Elle avait le soleil dans les yeux et baissa le store.

Depuis la salle de séjour, elle entendait le petit ronronnement de l’ordinateur, dans la chambre de Hannes, et la voix caverneuse et métallique qui accompagnait l’un de ses jeux vidéo.

Elle fouilla parmi les CD. Fredrik avait bon goût, pensa-t-elle, avant de se reprendre : a bon goût. Il a bon goût. Pas mal de chansons à texte américaines et un peu d’alternative country.

Elle resta pensive, quelques pochettes de disques à la main. Au-dehors, le jardin était plongé dans la torpeur de l’après-midi. Les oiseaux dormaient sur les branches. Peut-être les enfants faisaient-ils maintenant une sieste fort bienvenue, car elle n’entendait plus le bruit de l’ordinateur dans la chambre de Hannes.

Elle mit un disque de Buddy Miller, dans l’espoir que Fredrik l’entende, entre en coup de vent et demande : qui est-ce qui touche à mes disques, bon sang ? Nothing can stop me stop me stop my loving you. I’ll crawl through the fire, walk to the river, you’ll be the taker, I’ll be the giver.

Winter avait dormi d’un sommeil agité, l’espace d’une heure et demie, et fait des rêves de violence qu’il avait oubliés en se réveillant mais qui cognaient encore à ses tempes à la manière d’un accès de fièvre.

Le visage de Fredrik Halders fut la première chose qu’il vit, avant d’avoir ouvert les yeux. Une fois que ce fut fait, il n’eut plus devant lui que ce mur vide et d’un jaune d’urine.

Il se mit sur son séant et se frotta le visage en regardant sa montre. Puis il tendit la main vers le téléphone posé sur la petite table de la salle de repos et appela chez lui.

Angela lui répondit d’une voix inquiète.

— Comment ça va, Erik ?

— Ne t’inquiète pas pour moi. Plutôt pour Fredrik.

— Rien de nouveau ?

— Non. Elsa est là ?

— Elle est en train de faire sa sieste.

— Comme moi, alors.

— Quand est-ce que tu rentres ?

Quand ce sera terminé, pensa-t-il. Ça peut aller très vite.

— Il faut qu’on interroge un témoin.

— Ah bon.

— Ça concerne peut-être Fredrik, également.

— Il sait ce qui lui est arrivé, ce témoin ?

— Aucune idée, dit Bielke.

Son visage était toujours aussi figé et strié de blanc. Il n’avait pas dormi. Winter lui avait refusé le droit de fumer. Assis près de lui, son avocat écoutait et prenait des notes. Il paraissait bien décidé à faire face aux accusations éventuelles. Winter lut quelques lignes sur un papier posé devant lui.

— Je vous répète que je n’ai pas vu ce policier, s’obstina Bielke.

— Il était dans cette maison en même temps que vous.

— C’est impossible, puisque j’étais chez moi en train de dormir, vous ne comprenez pas ça ?

— L’un d’entre nous vous a vu entrer dans la maison dont nous parlons.

— C’est faux, puisque je n’y étais pas. Je ne sais même pas où elle se trouve et vous aurez beau m’en parler, je ne le saurai toujours pas.

— Pourquoi mentir ? demanda Winter.

— En effet : pourquoi mentez-vous ?

Bielke ne perdait pas le nord, mais il n’était pas aussi arrogant que certains autres. C’est un sociopathe qui n’est pas né de la dernière pluie, songea Winter.

Soudain, il sentit la lassitude l’envahir. Il était plus fatigué qu’il ne l’était avant de s’allonger sur ce lit trop mou. Sara n’avait jamais vu Bielke auparavant. C’était une erreur qui pouvait être lourde de conséquences, mais ils n’étaient que des êtres humains, après tout. Et Bielke, qu’était-il, lui ?

Il pensa au procureur Molina. Il leur fallait d’autres éléments pour obtenir la mise en examen de Bielke et il ne leur restait plus que cinq heures. Pour l’instant, l’homme de Långedrag risquait fort d’être remis en liberté, en dépit des efforts déployés. Alors qu’une mise en examen leur fournirait la tranquillité d’esprit nécessaire en vue de la procédure d’incarcération. Il désirait faire partager au procureur les soupçons raisonnables qu’il nourrissait à l’égard de Bielke. Et pouvoir ensuite les transformer en une probabilité. Mais de quoi soupçonner Bielke ? De complicité dans la disparition de Fredrik Halders ? Du meurtre de trois jeunes femmes ? De viol sur la personne de sa fille ? Ce qu’il savait de cet homme ne lui permettait d’exclure aucune de ces hypothèses. Bielke est la clé de l’affaire. Il ne faut plus que je commette d’erreurs.

Il avait besoin d’un témoin, d’un indice, d’un lien.

Car Bielke nierait effrontément, il en était capable.

Winter pensa de nouveau à Halders. À cette tête rasée et dure comme les rochers de Saltholmen sur lesquels les gens étaient en train de prendre des bains de soleil, en ce moment.

Ils avaient aussitôt cherché à mettre la main sur Samic, mais celui-ci avait disparu. Il n’était ni chez lui, ni à son restaurant, ni chez des connaissances. Ringmar avait dit qu’il n’en était pas surpris et Bergenhem avait complété en affirmant qu’il était là où se trouvait Halders. Au royaume des morts, peut-être ? Winter n’avait rien répondu et avait seulement poursuivi sa traque par les rues écrasées de soleil de la ville.

Bergenhem s’était rendu chez Bielke en compagnie de ses collègues les inspecteurs Johan Setter et Sara Helander. Je suis partout, pensa cette dernière, peut-être que ça va aller mieux ici. Elle ne voulait pas dormir avant qu’ils n’aient retrouvé Fredrik.

La femme de Bielke resta enfermée tant dans son mutisme que dans sa chambre.

— Il ne faut pas la déranger, dit Bergenhem.

— Où est-ce qu’on va, alors ? demanda Setter.

— Où est leur fille ? enchaîna Sara Helander.

— Elle prend son bain du matin, lui répondit Bergenhem.

— Eh bien alors, commençons par sa chambre, suggéra Setter.

— On y est déjà allés et on a tout passé au peigne fin, objecta Bergenhem.

— Oui, mais les choses ont changé depuis, dit Setter.

— Est-ce qu’elle est au courant ? questionna Sara.

— De quoi ?

— De la raison pour laquelle on est venu chercher son père, ce matin.

— Est-ce qu’on la connaît, nous ?

La maison est plus petite qu’elle n’en a l’air de l’extérieur, pensa-t-elle. Plusieurs fenêtres étaient entrouvertes et laissaient pénétrer une odeur de sel marin et de rochers, de poussière séchée et d’herbe brûlée par le soleil. La poussière formait même une sorte de brume, dans cette maison. Peut-être personne n’a-t-il eu la force de faire le ménage depuis le début de cette affaire.

— Je vais voir dans le garage, dit Bergenhem.

Tout y était parfaitement rangé, bien que Bielke possédât l’ensemble de ce que pouvait désirer le propriétaire d’une maison ancienne.

Le garage contenait deux voitures.

Pourtant, Bielke était arrivé à pied, à cette maison en ville. Sara n’avait vu aucune voiture. Peut-être était-elle restée au garage pendant tout ce temps. Ils finiraient bien par le savoir.

Bergenhem examina les boîtes et les caisses les unes après les autres. C’était un travail de routine mais il arrivait qu’il donne des résultats. Ceux-ci étaient parfois surprenants, comme le fait qu’un suspect dissimule chez lui un objet compromettant à un endroit… tout à fait banal. Et ce qui n’était que vraisemblable se révélait souvent juste. Un fusil avait été remis à sa place sur un râtelier, à côté d’une tête d’élan. Un couteau avait été replacé parmi les autres, sur son support magnétique. Une laisse était posée sur une chaise, dans l’entrée, comme toujours. La côte d’agneau avait été remise au congélateur. Quant à un objet contondant, le mieux était de le glisser dans un four chaud. Où est-ce qu’il avait lu cela, déjà ?

Une laisse. Étant donné que Bielke ne possédait pas de chien, si on en trouvait une chez lui, ou un autre objet pouvant servir à étrangler, ce serait parfait.

Il tâta la poignée de la portière avant de la plus petite des deux voitures, un break. Celle-ci s’ouvrit. Les clés étaient sur le tableau de bord. Il suffisait de fermer la porte du garage, en effet.

Il fallait qu’il prenne une décision quant au moment où faire intervenir les vrais spécialistes en la matière, les hommes de Beier.

Bergenhem ouvrit la portière avec ses gants blancs et examina rapidement la boîte à gants, le sol et les sièges. Des miettes, des bouts de papier, de la poussière et une carte pliante de l’Europe. Un chewing-gum usagé dans le cendrier. Mais pas d’odeur de tabac.

Puis il prit les clés et ouvrit le coffre. Une chaise pliante, une couverture plutôt en bouchon que pliée, un panier en rotin ou une matière de ce genre, deux gants de travail portant des taches d’huile ou d’une saleté quelconque, deux vieux journaux passablement jaunis, un bac à bouteilles de boissons rafraîchissantes qui était vide et une unique pantoufle, percée au gros orteil. Peut-être mordue par un chien, se dit Bergenhem.

Il écarta délicatement ces objets et ouvrit le compartiment du fond : la roue de secours, la housse du cric et une autre contenant diverses clés. Rien d’autre. Il referma le compartiment.

Au moment de refermer le coffre, il aperçut du coin de l’œil un autre compartiment, sur la gauche, à vrai dire plutôt sous la forme d’une ombre dans cet espace. Celui-ci portait une marque qu’il ne put interpréter. Il tira dessus, sans succès. Il redoubla alors d’efforts et le compartiment s’ouvrit avec une sorte de soupir. À l’intérieur, il y avait la place pour un triangle de sécurité plié ainsi que pour une trousse de premiers soins de forme plate. Il sortit les deux mais ne vit rien d’autre. Par acquit de conscience, il plongea cependant la main à l’intérieur de l’espace vide et elle rencontra quelque chose de dur. Il sortit l’objet et, avant même de le voir, il sut ce que c’était.

Bien que poussiéreux, l’appareil photo était assez neuf, petit, compact et facile à utiliser. C’était le genre de ceux que les spécialistes qualifient d’appareil pour débiles mentaux, pensa-t-il.

À l’intérieur, il y avait une pellicule en partie exposée.

Curieux endroit pour placer un appareil photo : à côté du triangle de sécurité. Attention, Lars, c’est aussi un signal d’alarme.

Il entendit alors une voix derrière lui.

— Qu’est-ce que vous faites ?

Bergenhem se retourna et vit la jeune fille tenant son vélo à la main. Elle portait un short, un T-shirt et des sandales. Elle était belle, bronzée, et avait relevé ses lunettes de soleil sur son front. Dans le panier de son porte-bagages, il y avait une serviette de bain et une bouteille de boisson rafraîchissante.

— Vous êtes journaliste ? demanda-t-elle.

Bergenhem comprit le sens de cette question en se rappelant qu’il tenait un appareil photo à la main.

— Non, policier, dit-il. Je me présente : Lars Bergenhem, de la police criminelle.

Il ne l’avait encore jamais vue et s’approcha d’elle.

— Pourquoi n’emménagez-vous pas chez nous ?

Je préfère que ce soit ton père qui emménage chez nous, pensa-t-il. Elle a l’air bien calme. Je me demande pourquoi.

— Qu’est-ce que vous voulez à mon père ? reprit-elle.

— Nous avons un certain nombre de questions à lui poser.

— Vous avez toujours des questions.

— Est-ce le vôtre ? demanda-t-il en montrant l’appareil photo.

— Non.

— Celui de votre père ?

— Où était-il ?

— Dans la voiture, là. L’Opel.

— C’est celle dont maman se sert pour faire ses courses.

Bergenhem hocha la tête.

— Je ne connais pas cet appareil, dit-elle. J’en ai un pareil, mais il est dans ma chambre. Il y était ce matin avant que je parte, en tout cas.

Impossible de tirer quoi que ce soit de sensé de Bielke. Les questions qu’on lui posait ne servaient qu’à en susciter d’autres de sa part. Winter avait donc décidé de s’accorder une pause, dans l’espoir d’avoir plus de chance avec Andy, le petit ami d’Anne Nöjd, qui avait répondu à la convocation.

Winter était toutefois convaincu qu’il avait dit tout ce qu’il savait. Il avait d’ailleurs été frappé de plein fouet par ce qui était arrivé et paraissait en état de catatonie.

C’est alors que Bergenhem appela.

— La famille ne connaît pas cet appareil, dit-il. La fille a le sien et il y en a un autre, dans la cuisine, qui appartient à tout le monde, selon eux.

— Apporte-les ici tout de suite, dit Winter.

— La mère et la fille ?

— Non : les appareils photo.

*

Le seul contenant une pellicule était celui que Bergenhem avait trouvé dans le coffre de la voiture. La moitié avait été exposée. Ils eurent les clichés au bout de quarante minutes. Winter était en compagnie de Bergenhem, Ringmar, Sara Helander et Aneta Djanali.

On aurait entendu une mouche voler dans la pièce, lorsque Winter déposa le petit tas de clichés sur la grande table de la salle de réunion et les prit les uns après les autres. Bergenhem ne put s’empêcher de rompre ce silence dès le deuxième.

— C’est Angelika Hansson, bon sang.

Le visage noir de celle-ci luisait en effet de tout son éclat et faisait concurrence au soleil qui colorait ce qui se trouvait autour d’elle, sur cette plage. Beaucoup de sable, pensa Aneta. Pas de chameau, ni de crotte du même animal.

Il y avait quatre photos différentes d’Angelika Hansson, toutes prises sur la même plage mais sous des angles différents. Toujours cette profusion inutile, pensa Aneta.

Sur une autre, un jeune homme solitaire souriait, à l’endroit où se trouvait Angelika peu avant.

— C’est lui, dit Winter, c’est le petit ami d’Angelika.

— Il figure également sur celle-ci, prise à la lisière d’une forêt, dit Ringmar.

— Cet endroit me rappelle quelque chose, coupa Sara.

Si Fredrik avait été là, il aurait dit « C’est la côte ouest », pensa Aneta.

— On peut voir le terrain de football, derrière, sur cette photo, dit Bergenhem.

— C’est la baignade de Hovåsbadet, confirma Winter.

— Et ça ? demanda Sara.

— La maison d’Angelika, répondit Winter.

Il n’y avait personne devant le bâtiment et la photo avait été prise l’après-midi, car les ombres étaient allongées.

— Voici celle de la famille Bielke, annonça Bergenhem lors de la suivante. Et une autre photo de leur maison.

Winter retourna un nouveau cliché, à la manière d’un croupier de casino. Il était excellent pour la concentration de tous de procéder ainsi. Il ne restait plus que quelques photos.

Il avait maintenant devant lui l’image d’une autre maison, au nord de celle d’Angelika Hansson mais au sud de celle de Jeanette Bielke.

— Bon Dieu ! ne put s’empêcher de s’exclamer Ringmar.

— C’est la maison des parents de Beatrice Wägner, dit Winter.

— Quoi ? demanda Sara.

— La maison de Beatrice Wägner, répéta Winter sur un ton qui s’efforçait de modifier l’image, de rompre le charme.

Personne là non plus, bien que ce fût également l’été, assez tard, avec des ombres allongées. Winter regarda le reste des photos qu’il tenait dans sa main droite. Que leur réservaient-elles ?

Il tenait maintenant sa mise en examen et peut-être même en détention. Et pourtant, il était loin d’en être heureux.

— Mon Dieu ! s’exclama Aneta Djanali.

— What’s next ? demanda Bergenhem.

Winter retourna les trois derniers clichés et ils les observèrent tous en silence.

— Eh bien, on le tient, commenta Bergenhem.

— Mais pourquoi ? s’étonna Sara, à l’instar de tous.

C’est de la folie, se dirent-ils aussi. La folie explique à la fois tout et rien, pensa Winter.

Il fixa de nouveau les photos du regard en commençant par celle de gauche.

C’était la maison de l’autre côté du fleuve, où Halders avait disparu.

Puis la crevasse en forme de grotte où on avait trouvé les corps d’Angelika et de Beatrice, et près de laquelle Jeanette avait été attaquée.

Enfin, l’endroit où avait été trouvé Anne Nöjd. Où elle avait proféré ses dernières parole, non : ce dernier… cri, ce cri d’angoisse qu’avait enregistré son propre répondeur.

Sur tous ces clichés les ombres étaient allongées.

Et ils avaient été pris alors qu’aucun périmètre de sécurité n’était en place.

C’est Ringmar qui exprima la pensée de tous :

— Est-ce qu’il savait ce qu’il faisait ? Est-ce que toutes ces photos ont été prises… avant ? Avant que ça n’arrive.

Mon Dieu, pensa Aneta Djanali pour la énième fois. La seule chose qui manque sur ces photos, c’est un endroit qu’on ne connaît pas et où on pourrait retrouver Fredrik. Mon Dieu. Si seulement on avait eu ces clichés… avant. Avant que ces crimes ne soient commis. Là, là et là, un crime va être commis et, si vous trouvez rapidement ces endroits, vous serez peut-être en mesure de contribuer à la paix civile.

L’appareil photo était maintenant chez Beier.

Bielke, lui, était à l’ombre – et au frais.

— On a du boulot, dit Winter.

Dehors, les ombres commençaient à s’allonger. Le soir n’allait pas tarder à arriver. On n’est pas loin du but, songea-t-il.

Je voudrais que cela ne finisse jamais
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